Comment vous mettre au travail quand vous n’en avez simplement pas envie ?
Nous avons traduit cet article publié par la Harvard Business Review car d’après nous il apporte un angle de réflexion intéressant sur la procrastination. Il n’est pas exhaustif mais son ton et ses questions nous ont plu.
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Il y a ce projet que vous avez mis en suspens – celui dont l’échéance se rapproche dangereusement. Et il y a ce client que vous devriez vraiment rappeler – celui qui se plaint tout le temps et consomme votre précieux temps. Ah mais attendez, vous ne deviez pas essayer d’aller faire du sport plus souvent cette année ?
Est-ce que vous imaginez combien de culpabilité, de stress et de frustration vous pourriez vous épargneriez si vous réussissiez à faire les choses que vous n’avez pas envie de faire au moment où vous êtes supposé les faire ? Sans compter que vous seriez plus heureux et plus efficace.
La bonne nouvelle (et c’est une très bonne nouvelle) c’est que vous pouvez réduire votre procrastination en choisissant la bonne stratégie. Et identifier la bonne stratégie revient à déterminer pourquoi vous avez reporté cette action au départ.
Raison n°1 | Vous reportez cette action car vous avez peur de ne pas réussir
La solution ? Adopter une « stratégie de prévention »
N’importe quelle tâche à effectuer peut-être considérée de 2 façons. Vous pouvez faire quelque chose parce que vous voyez que c’est un moyen d’obtenir plus que ce que vous avez – comme une réussite ou un accomplissement. Comme dans « si je termine ce projet avec succès, je vais impressionner mon patron » ou « si je m’entraîne régulièrement, je serai superbe« . Les psychologues appellent cela une stratégie de promotion – et les recherches démontrent que quand vous en avez une, vous êtes motivés par la pensée de faire des gains et que cela fonctionne d’autant mieux que vous êtes avide et optimiste. Intéressant n’est ce pas ? Mais si vous craignez d’échouer dans votre tâche, cette stratégie n’est pas pour vous. L’anxiété et le doute minent la motivation pour la promotion ce qui vous amène à ne faire aucune action du tout.
Ce dont vous avez besoin est plutôt de la deuxième façon de regarder ce que vous devez faire, qui ne soit pas torpillée par le doute, mais qui soit, au contraire, renforcé par lui. Quand vous utilisez une stratégie de prévention, au lieu de regarder ce que vous pourriez gagner, vous vous concentrez sur le fait de maintenir ce que vous avez – pour éviter les pertes. Si vous êtes adepte d’une stratégie de prévention, finir un projet est une façon d’éviter que votre boss se mette en colère ou faire en sorte qu’il vous remarque moins. Vous entraîner régulièrement est une façon de ne pas vous « laisser aller ». Des décennies de recherches que je décris dans mon livre Focus, montrent que la stratégie de prévention est en fait renforcée par l’anxiété de ce qui pourrait mal se passer. Quand vous êtes focalisé sur le fait d’éviter les pertes, il devient clair que le seul moyen de vous éloigner du danger est en posant des actions immédiates. Plus vous êtes inquiet, plus vous sortez de l’ornière.
Je sais que l’on dirait une grande blague, particulièrement si vous êtes habituellement plus du type « promotion », mais il n’y a probablement pas de meilleure façon de dépasser votre crainte de tout rater que de considérer les conséquences de ne rien faire du tout. Allez-y, faites vous peur. Cela paraît horrible, mais ça marche.
Raison n°2 | Vous avez reporté votre action car vous n’avez pas « envie » de le faire
Solution ? Faites comme Spock et mettez de côté vos sentiments. Ils vous empêchent d’avancer.
Dans son excellent livre The Antidote: Happiness for People Who Can’t Stand Positive Thinking, Oliver Burkeman note que la plupart du temps, quand nous disons « je ne peux pas me lever le matin » ou « je n’arrive pas à me mettre au sport« , ce que nous voulons vraiment dire c’est que nous ne parvenons pas à avoir envie de le faire. Après tout, personne ne vous attache au lit tous les matins. Des gardes du corps impressionnants ne vous empêchent pas d’accéder à la salle de gym. Physiquement, rien ne vous en empêche – vous n’avez juste pas envie. Mais comme le demande Burkeman, qui a dit qu’il fallait attendre d’avoir « envie » de faire quelque chose pour commencer à le faire ?
Pensez-y une minute car c’est vraiment important. Tout au long de notre parcours, nous avons finalement accepté l’idée – sans en être vraiment conscients – que pour être motivé ou efficace, il fallait avoir envie de passer à l’action. Nous devons fortement désirer le faire. Je ne sais vraiment pas pour quoi nous croyons cela parce que c’est complètement faux. Oui, dans une certaine mesure, vous devez être engagé dans ce que vous faites – vous avez besoin de vouloir voir le projet terminé, ou de désirer être en meilleure forme, ou de vous lever plus tôt le matin. Mais vous n’avez pas besoin d’avoir envie de le faire (ou d’aimer le faire).
En fait, comme Burkeman le souligne, beaucoup d’artistes, d’auteurs ou d’inventeurs prolixes le sont devenus en s’appuyant sur leur routine de travail qui les forçait à travailler un certain nombre d’heures par jour, peu importe qu’ils soient inspirés ou non (ou pour certains qu’ils aient ou non la gueule de bois). Burkeman nous rappelle aussi la citation de l’artiste Chuck Close: « L’inspiration, c’est pour les amateurs. Pour tous les autres c’est se lever et se mettre au travail. »
Alors si vous êtes assis là, à reporter quelque chose que vous n’avez pas envie de faire, rappelez-vous que vous n’avez pas besoin d’en avoir envie. Rien ne vous arrête.
Troisième raison: Vous avez reporté votre action car c’est difficile, ennuyeux ou désagréable
Solution: Utiliser une planification Si-Alors
Trop souvent, on tente de résoudre ce problème par la pure volonté: La prochaine fois, je commencerai à travailler sur ce projet plus tôt. Bien sûr, si nous avions vraiment une telle volonté, nous n’aurions pas procrastiné. Les études montrent que les gens ont tendance à surestimer leur capacité à se discipliner et comptent trop souvent dessus pour éviter les ennuis.
Rendez-vous service et reconnaissez que votre volonté est limitée et qu’elle peut n’être pas suffisante pour vous permettre de faire des choses difficiles, fastidieuses et même pénibles. Et commencez à utiliser le plan Si-Alors pour terminer vos tâches.
Faire un plan Si-Alors est plus complexe que de simplement lister les étapes que vous devez franchir pour achever votre projet. Il s’agit aussi de décider où et quand vous allez faire chaque action.
Quand il sera 14h, j’arrêterai toute autre tâche et commencerai à travailler sur le rapport que Bob m’a demandé.
Si mon patron ne mentionne pas ma demande d’augmentation lors de notre réunion, alors je lui en reparlerai avant la fin du rendez-vous.
En décidant à l’avance ce que vous allez faire mais aussi où et quand exactement, vous n’avez plus à tergiverser le moment venu. Est-ce que je dois vraiment faire cela maintenant ? Cela ne peut pas attendre ? Ou peut-être devrais-je faire autre chose à la place ? C’est quand nous délibérons que la volonté devient nécessaire pour faire des choix difficiles. Mais le plan Si-Alors réduit considérablement le besoin de faire appel à la volonté en étant assuré que la bonne décision a déjà été prise, longtemps à l’avance et bien avant que la situation ne devienne critique. En fait, le plan Si-Alors a conduit, dans plus de 200 études, à une augmentation de la productivité et de l’atteinte des objectifs de 200% à 300% en moyenne.
Je suis consciente que ces 3 stratégies que je vous propose – penser aux conséquences de vos échecs, ignorer vos sentiments et faire un planning détaillé – ne font pas autant rêver que des conseils comme « Suivez votre passion ! » et « Restez positif ! ». Mais elles ont l’avantage d’être efficace – ce que vous serez si vous décidez de vous en servir.
(Librement traduit de l’article : How to Make Yourself Work When You Just Don’t Want To, écrit par Heidi Grant Halvorson, Ph.D et publié en février 2014 dans HBR)